Seconde Guerre mondial

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La Regia Aeronautica dans la défense de la Sicile 10 Juillet - 17 Août 1943

Un Reggiane Re.2005 de la 362a squadriglia accompagné de la relique d'un Fiat CR.42, tels qu'ils furent trouvés par les troupes américaines à Catane Sigonella le 5 août 1943.

 

Dès le sommet interallié de Casablanca qui se tint entre le 14 et le 23 janvier 1943, les Alliés envisagèrent la mise au point d'un débarquement en Sicile une fois la campagne africaine terminée. L'opération contre la Sicile, baptisée Husky, fut confirmée en mai lors de la conférence Trident, à Washington.

 

Après la reddition de l'armée italienne le 13 mai en Tunisie, la voie de la Sicile était ouverte pour les Alliés. Mais avant de lancer un débarquement sur cette île, il fallait s'assurer la pocession de Lampedusa, Linosa, Lampione et Pantelleria. Cette dernière était bien fortifiée et servait alors de base à une soixantaine de Macchi C.202, C.205 et Fiat G.50 des , 17°, 22° et 151° gruppi CT.
    Le premier bombardement allié en vue de l'occupation de Pantelleria (opération Corkscrew) eut lieu le 8 mai 1943, exécuté par 120 bombardiers B-25 Mitchell escortés par 42 P-38. Dès le 10 mai, les appareils des , 17° et 22° gruppi rescapés gagnèrent la Sicile. Ils furent suivis par les derniers appareils du 151° gruppo le 15 mai.
    Finalement, le 11 juin, après un siège aéronaval de plus d'un mois pendant lequel les Alliés effectuèrent 140 bombardements aériens et 5 bombardements naval contre l'île, la garnison de Pantelleria se rendit, suivie le 12 juin par celle de Lampedusa, puis de Linosa et Lampione les 13 et 14 du même mois. Cette fois-ci, plus rien ne venait barrer la route au débarquement en Sicile.

 

10 juillet 1943 : opération Husky
Début juillet 1943, les Alliés disposaient d'une supériorité aérienne considérable en Méditerranée : ils alignaient environ 4800 appareils, contre les 1400 avions de l'Axe, répartis comme suit : 620 italiens et 780 allemands de la Luftflotte 2. Il faut ajouter à ces chiffres le fait que l'aviation italienne ne disposait que de peu de chasseurs modernes pour contrer les raids alliés, qui pouvaient quant à eux compter sur des appareils modernes produits en très grandes séries par l'industrie américaine.

 

Pour assurer le succès du débarquement, l'aviation alliée procéda à des attaques systématiques des terrains d'aviation de la Sicile, mais aussi de la Sardaigne et du Sud de la botte italienne entre le 2 et le 9 juillet. Pour contrôler les effets de ces actions, des appareils de reconnaissance photographiaient chaque base ennemie toutes les 4 heures en moyenne. Ainsi, le commandement allié avait une vision précise de la consistance et de la répartition des forces aériennes italo-allemandes.
    L'aviation de l'Axe tentait tant bien que mal de contrer les incursions de bombardiers sur ses bases. Le 3 juillet par exemple, 14 Bf 109 G6 du 150° gruppo CT interceptèrent des Baltimore sud-africains escortés par le 324th Fighter squadron de l'USAAF : 2 bombardiers furent abattus et 7 P-40 de l'escorte revendiqués pour la perte d'un Messerschmitt.

 

Le 9 juillet, à la veille du débarquement, un appareil de reconnaissance italien aperçu l'imposante armada alliée (2590 navires) à 16h30. En conséquence, des avions torpilleurs venus de Sardaigne attaquèrent les convois alliés, accompagnés de 13 Cant Z.1007 bis, dont 4 ne rentrèrent pas à leur base. Si les résultats de ces actions ne sont pas connus, ils mirent en tous cas les nerfs des artilleurs à vif, comme le démontre le tragique "friendly fire" du 12 juillet, lorsque 23 des 144 C-47 transportant la 82nd Airborne Division et une partie du 505th régiment furent abattus par la DCA navale.

 

 

 

L’activité des unités de chasse du 10 juillet au 17 août 1943

 

Unités de chasse de l'ASIC et de la 4a squadra
9 juillet 1943

 

 

Les Macchi 205 du 4° Stormo, basés à Catane Fontanarossa, étaient les chasseurs les plus modernes dont disposait la Regia Aeronautica à la veille du débarquement allié. Mais leur faible nombre ne peut pas inverser le cours des combats : lorsque les premières unités de parachutistes arrivèrent dans la plaine de Catane, 5 ou 6 MC 205 durent être incendié pour éviter qu'ils ne tombent entre les mains des Alliés. Le 14 juillet, le 4° Stormo se replia sur le continent, à Crotone, en Calabre. Entre temps, le 11 juillet, 10 MC 205 des 351a et 360a squadriglie du 155° gruppo (51° Stormo) furent transférés à Trapani Chinisia pour renforcer quelque peu les défenses de l'île. Elles regagnèrent la Sardaigne le 6 août.

L'autre chasseur de la série 5 à avoir combattu en Sicile fut le Reggiane Re.2005. Le 10 juillet, 8 de ces tout nouveaux appareils de la 362a squadriglia (22° gruppo) atterrirent sur la base de Catane Sigonella, qui subit tout de suite après un sévère bombardement. Le 14 juillet, les 2 Re.2005 restant furent reversés à la 371a squadriglia (157° gruppo) à Reggio Calabria, qui ne put les employer que peu de temps avant qu'un bombardement sur ce nouveau terrain ne les cloue au sol.

 

 

Macchi 202 de la 374a squadriglia (153° gruppo CT) à San Pietro di Caltagirone. Remarquez la différence de camouflage entre le capot moteur et le fuselage.

 

En plus des Veltro, le 4° stormo disposait de 38 Macchi C.202, un chasseur qui équipait aussi le 21° gruppo à Chinisia, ainsi que les 153° et 161° gruppi à Palerme et Reggio Calabria. Seule une squadriglia du 3° stormo vint renforcer la dotation de l'île avec 8 MC 202 provenant de Cerveteri. Les Macchi C.200 de la 384a squadriglia, durement éprouvés, furent regroupés aux appareils du 157° gruppo.

Dès la fin avril 1943 se trouvaient en Sicile les et 150° gruppi autonomi CT équipés de Bf 109 G6, basés initialement à San Pietro di Caltagirone et Comiso. Mais suite à l'intense activité opérationnelle ayant précédée l'opération Husky, les deux unités se virent contraintes de cesser leurs actions respectivement le 6 et le 9 juillet. A cette date, le 150° gruppo ne disposait plus que de 6 Bf 109 opérationnels sur un total de 21.

 

L'activité des unités de torpillage, d'attaque au sol et de bombardement du 10 juillet au 17 août 1943

Unités de torpillage et d'attaque au sol de l'ASIC et de la 4a squadra
9 juillet 1943

 

 

Les Fiat G.50 bis/A (version dite d'assaut) du 50° stormo participèrent dès le 10 juillet à l'attaque de la flotte alliée, avec leurs bombes de 50 ou 100 kg. La 390a squadriglia, basée à Isola Capo Rizzuto (Crotone), attaqua trois jours durant les navires alliés dans la baie d'Augusta, perdant 7 appareils. Le 13 juillet, 28 G.50  du 158° gruppo furent détruits au sol sur la base de Crotone par 200 bombardiers B-24 américain.
Ce même jour, 9 G.50 bis/A du 159° gruppo, basés à Catane Fontanarossa, attaquèrent des colonnes motorisées ennemies dans la zone de Syracuse. Quatre d'entre eux furent abattus par des Spitfires du 72th Fighter squadron, qui ne subirent quant à eux aucune perte.

 Les Romeo Ro.57 bis du 97° gruppo, inadaptés à l'interception, effectuèrent quelques missions d'attaque au sol. Le 13 juillet, 10 appareils furent détruits lors du bombardement du terrain de Crotone. Les quatre Ro.57 bis restant furent repliés sur Tarquinia.

Le 10 juillet, le 102° gruppo (209a et 239a squadriglie) du 5° stormo, équipé de 20 avions d'assaut Reggiane Re.2002, fut transféré de Tarquinia sur le terrain de Crotone, en Calabre. Il fut rejoint sur ce même terrain par les 12 Re.2002 du 101° gruppo (208a et 238a squadriglie), appartenant lui aussi au 5° stormo et provenant de Lonate Pozzolo. Lors de sa première sortir, ce 10 juillet, sur la rade d'Augusta, le 5° stormo perdit son commandant, le colonnello Guido Nobili, ainsi que trois autres pilotes.
L'action la plus importante des Reggiane 2002 en Sicile survint le 13 juillet, lorsqu'un appareil d'un groupe de 11 plaça sa bombe de 250 kg sur la proue du cuirassé Nelson, contraint de regagner Malte. Deux appareils furent perdus au cours de cette mission, et d'autres subirent les effets du bombardement de leur base de Crotone au retour. Lors de la sortie du 19 juillet contre des navires au large d'Augusta, 6 Re.2002 sur 15 furent abattus par la chasse alliée.

 

 

Junkers Ju.87 D-3 de la 207a squadriglia (103° gruppo BaT) à Chilivani, Sardaigne, en juin 1943.

 

Le 10 juillet, les 6 derniers Ju 87 D3 du 103° gruppo autonomo BaT (207a et 237a squadriglie) reçurent l'ordre de se transférer de leur base de Chilivani, en Sardaigne, sur le terrain de Palerme Boccadifalco. Mais à l'atterrissage, 2 appareils furent perdus à cause des cratères d'obus jonchant la piste. Les 4 Picchiatelli restant à la 207a squadriglia effectuèrent leur dernière mission sur Liccata, où ils furent endommagés au point d'être considérés hors service.
Le 121° gruppo autonomo BaT nouvellement constitué fut lui aussi envoyé en Sicile le 10 juillet 1943, avant d'être redéployé à Gioia del Colle (Pouilles) le 18 juillet avec 16 Ju 87 B-2, R-2 et D-3 pour éviter d'être soumis aux attaques incessantes sur les terrains siciliens. Il fut rejoint par la 237a squadriglia, qui venait d'être rééquipée de Ju 87 D-3 à Sienne. Les Stuka italiens effectuèrent des sorties contre la flotte alliée, durant lesquelles ils perdirent de nombreux appareils : en trois missions diurnes, 10 Ju 87 sur 19 furent perdus. Malgré tout, les appareils du 121° gruppo, basés à Brindisi à partir du 8 août, poursuivirent leurs missions nocturnes contre la flotte alliée devant Syracuse notamment jusqu'au 22 de ce même mois.

Pour ce qui est des bombardiers proprement dits, aucun n'était basé en Sicile, ni même dans les Pouilles ou en Calabre. Les Cant Z.1007 qui intervinrent contre la flotte alliée dans les eaux siciliennes provenaient soit du Raggruppamento Bombardamento de Pérouse (qui comprenait 31 trimoteurs rescapés des 28°, 86°, 88° et 106° gruppi), soit de la 264a squadriglia (88° gruppo) avec 5 appareils à Alghero, en Sardaigne.

 

Depuis Guidonia, les 8 Piaggio P.108 de la 274a squadriglia effectuèrent plusieurs missions de bombardement nocturne contre les navires ennemis. Dans la nuit du 11 juillet, 4 P.108 attaquèrent la flotte anglo-américaine le long de la côte orientale de l'île. L'appareil des tenenti Antonio D'Alò et Giovanni Redavid fut perdu durant cette mission. Deux P.108 répétèrent l'action durant les nuits du 12, 13 et 14 juillet. Le 22 juillet, le P.108 des tenenti Giano Rossi et Domenico Piazza effectua la dernière mission des quadrimoteurs sur la rade d'Augusta.

 

 

Piaggio P.108 "nocturne" à Guidonia, été 1943.

 

Le 11 juillet, le 43° stormo (98° et 99° gruppi), équipé de Savoia Marchetti 84, fut transféré à Gioia del Colle pour attaquer la flotte de débarquement. Mais après seulement 4 missions, une dizaine d'avions avaient été perdus. Le 99° gruppo fut renvoyé à Lonate Pozzolo, tandis que le 98° gruppo resta à Gioia del Colle avec 6 trimoteurs, dont 4 opérationnels, jusqu'à l'armistice.

Le 16 juillet, un SM 79 isolé réussi à toucher à 50 miles du cap Passero (Sud-Est de la Sicile) le porte-avions Indomitable, qui dut rentrer à Gibraltar. Outre les quelques appareils de la 279a squadriglia de Gerbini, qui fut dissoute le 14 juillet, la plupart des SM.79 encore opérationnels dans la péninsule se trouvaient réunis au sein du Raggruppamento Siluranti.

Pour terminer l'évocation des différents appareils qui prirent part aux combats en Sicile, on peut citer les unités maritimes et de reconnaissance présentes sur l'île au 9 juillet 1943 :
Le 66° gruppo OA sur Caproni 313 et 314 à Gerbini;
Le 83° gruppo autonomo RM sur 20 Fiat RS.14, 4 Cant Z.506 B, 2 Z.506 S, 1 Cant Z.501 et 1 Breda 25 à Augusta;
La 7a sezione soccorso sur 2 Fiat RS.14 à Syracuse

Le 27 juillet, Superaereo ordonna au commandement de l'ASIC de se replier sur le continent. La conquête de l'île s'acheva le 17 août, lorsque la 3ème division américaine fit son entrée à Messine.

 

La Sicile fut la dernière grande bataille de la Regia Aeronautica, dans laquelle elle épuisa ses dernières forces, déjà bien maigres, surtout en ce qui concerne les bombardiers. Aux côtés de chasseurs modernes trop peu nombreux, l'aviation italienne exposa des chasseurs depuis longtemps obsolètes dans une lutte inégale. L'armée de l'air italienne, cette aile qui ne devait jamais plus être brisée, selon les mots de Benito Mussolini, l'avait finalement été en même temps que lui.

 

 

 

 



03/09/2012
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