Seconde Guerre mondial

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Le camp des milles

Le camp des Milles (Bouches-du-Rhône) était un camp de concentration français, ouvert en septembre 1939, dans une usine en faillite, une tuilerie, au hameau des Milles (commune d'Aix-en-Provence). Il servit d'abord de camp d'internement pour des ressortissants allemands, en 1939, mêlant d'authentiques nazis et des réfugiés allemands, souvent juifs. Le gouvernement de Vichy y interna ensuite des juifs, qu'il livra aux autorités nazies. Des enfants furent ainsi déportés en août 1942 à partir de ce camp.

 

Vue générale du bâtiment ayant servi de camp d'internement aux Milles.

Ouverture du camp

Le 6 septembre 1939, le 4e bataillon du 156e régiment régional d'Ardèche, commandé par le capitaine Charles Goruchon, arrive à Aix et investit la tuilerie des Milles. Les soldats tendent des clôtures à la va-vite et déblaient les locaux. Rapidement, les premiers internés y sont enfermés. Il s'agit de ressortissants allemands et autrichiens résidant dans le Sud de la France. Des artistes y sont internés jusqu'en 1940, comme Hans Bellmer, Max Ernst, Lion Feuchtwanger, Robert Liebknecht, Ferdinand Springer, François Willi Wendt et Wols.

En juin 1940, le camp compte 3 500 internés. Les étrangers des camps du sud-ouest de la France sont transférés aux Milles.

Entre 1940 et 1941, des internés vont réaliser dans le réfectoire des gardiens des fresques murales qu'il est encore possible de voir.

 

Wagon de transport stationné au camp des Milles.

Déportations

Suite à la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942 qui instaure la solution finale, le camp des Milles procède, pendant tout le mois d'août à la déportation de familles juives organisée par les autorités de Vichy. Les trains envoient les internés à Drancy, d'où ils rejoignent Auschwitz. Au total, 1 928 juifs sont déportés depuis le camp des Milles. En septembre 1942, le camp est quasiment vide.

 

Fermeture

Le 11 novembre 1942, les nazis envahissent la zone libre. La Wehrmacht réquisitionne le camp le 4 décembre. Enfin, vers le 15 mars 1943, elle pénètre dans la tuilerie, fait évacuer sans ménagement les trente derniers détenus et fait du camp un dépôt de munitions. 

Mémorial du camp

Le 22 juillet 2007, l'association « Mémoire du camp des Milles » lance un appel pour obtenir un financement pour un Mémorial au camp des Milles. Trois jours plus tard, le Conseil représentatif des institutions juives (Crif) à Marseille annonce que l'État prendra à sa charge un tiers du budget de financement. Les travaux débutent dans l'été 2008. Les objectifs de la fondation sont d'accueillir 100 000 visiteurs par an, dont 40 000 scolaires à partir de 2010.

 

Wagon de transport humain.

 

La gare des Milles où arrivaient les trains contenant les déportés.

 

Pierre mémoriale.

 

Pierre mémoriale.

Les Artistes du camp de Milles

 

De nombreux élèves cherchent des oeuvres artistiques produites dans les camps de concentration, pour répondre au sujet du Concours National de la Résistance et de la Déportation 2002.

 

 Il y a eu un camp qui a réuni, en 1939-1940, de nombreux artistes, pour la plupart allemands et juifs : c'est le Camp des Milles.

 

 

 

Le camp des Milles

 

C'est un camp de concentration français, ouvert en septembre 1939, dans une usine en faillite, une tuilerie.

 

 

Le journal "Le Petit Marseillais" informe, en mai 1940, de l'internement des Allemands au camp des Milles.

 

Il se trouve dans les Bouches-du-Rhône, entre Aix-en-Provence et Marseille, à la sortie du village des Milles. Il a été créé, au moment de la déclaration de guerre, pour y enfermer... des Allemands, pays avec lequel la République Française était en guerre.

Robert Liebknecht, Bâtiment central du camp, 1939.

Mais il se trouve que la plupart des Allemands qui se trouvaient en France, étaient des antinazis réfugiés là pour échapper à Hitler. Parmi eux, beaucoup de Juifs, beaucoup d'artistes aussi dans le midi de la France.
La plupart d'entre eux seront relâchés en juin 1940. Mais, le camp continuera d'exister. Des Juifs seront rassemblés dans ce camp toujours gardé par des Français, mais cette fois, des collaborateurs qui obéissaient aux ordres du gouvernement de Vichy, et des trains de déportation en partiront en 1942. Des scènes terribles se produiront au moment de la déportation des enfants.  

Les artistes de la première période

 Dans la première période (septembre 1939-juin 1940), même si l'enfermement est douloureusement ressenti, les gardiens français du camp sont assez débonnaires et les artistes peuvent s'exprimer. Il en sera bien entendu tout autrement après 1940.

 Ces artistes sont violemment rejetés par les nazis qui ont organisé, en 1937, une exposition sur ce qu'ils appellent "l'art dégénéré". Les toiles des artistes représentés dans cette exposition ont ensuite été brûlées publiquement.

Goering, Hitler et Goebbels à l'exposition d'art "dégénéré"

L'exposition d'art "dégénéré" à Berlin en 1937

 

Au camp des Milles, ils tentent d'obtenir une autorisation de quitter le camp en s'adressant aux Autorités pour manifester leur antinazisme, en demandant l'appui de personnalité du monde de la culture. D'autres réussissent à quitter le camp comme "prestataires", chargé d'un travail par l'Administration.

 

 

 

Les artistes internés

Romancier allemand d'origine juive (1884-1958). Lion Feuchtwanger était un pacifiste, un antimilitariste et un résistant antinazi convaincu. Son roman Le Juif Süss, paru en 1925, connut un grand succès, avant d'être adapté à l'écran en 1940 par les nazis,  pour en faire une oeuvre de propagande antisémite.
En janvier 1933, il était aux États-Unis lorsque les SA mirent à sac sa maison à Berlin, confisquèrent ses biens, le privèrent de sa nationalité, de son titre de docteur, et interdirent ses livres. Il s'exila alors en France, et trouva refuge à Sanary-sur-Mer, dans le Var, où il fonda avec Brecht et Bredel le journal "Das Wort", la plus importante publication antifasciste des écrivains émigrés allemands. En 1936, il publia Le Faux Néron, roman historique où l'on comprend à demi-mot qu'il parle du nazisme.
Il fut interné au camp des Milles en mai 1940, mais assez rapidement libéré, il parvint à gagner les Etats-Unis où il s'installa définitivement. Le Diable en France, que Lion Feuchtwanger a écrit dès son arrivée aux États-Unis et qui parut pour la première fois en 1942, est le seul document autobiographique que l'auteur ait publié.

Les Yeux du silence, tableau de Max Ernst, 1943-1944 

Est un des grands peintres du XXème siècle. Il est né à Bruhl (Rhénanie) en 1891. Il suit avec attention les mouvements des peintres  expressionnistes et il fonde avec Baargeld et Arp le mouvement Dada à Cologne.
Il s'installe à Paris dès 1922 et devient l'un des membres du groupe surréaliste : il s'y distingue par ses collages et décalcomanies où le rêve est de loin plus fort que la réalité.
Interné à deux reprises au camp des Milles en 1939-1940, puis à Saint-Nicolas, il est sauvé par Varian Fry. Il émigre aux Etats-Unis en juillet 1941. Il revient en France en 1953. Naturalisé français en 1958, il meurt en 1976, après avoir passé toute la fin de sa vie dans le sud de la France.

 

Né à Katowice en Silésie en 1902.
Au début des années vingt, à Berlin, il s'intéresse au dadaïsme. Il arrive à vingt-deux ans à Paris comme dessinateur de publicité.
En 1933 qu'il commence son travail sur la poupée. Il partage son temps entre Berlin et Paris, avec des voyages en Italie et en Tunisie. En 1936-1937, il expose aux Etats-Unis, en France et au Japon. Bellmer quitte définitivement l'Allemagne en 1938 pour vivre à Paris, comme dessinateur et graveur.
Dans le midi de la France au cours de l'été 1939, il est interné au camp des Milles, puis envoyé à Forcalquier comme prestataire en compagnie de
Ferdinand Springer. De 1941 à 1944, il vit à Castres, puis à Toulouse, revient en 1941 à Paris où il reste jusqu'à sa mort en 1975.

 

Est le fils et le petit-fils de militants révolutionnaires allemands : Wilhelm Liebknecht (1826-1900), son grand-père, ami de Marx, fut le fondateur du Parti social-démocrate allemand ; Karl Liebknecht (1871-1919), son père, fut assassiné pendant la révolution communiste de Berlin, qu'il dirigeait avec Rosa Luxembourg, en janvier 1919.
Robert, lui, est né en 1903. Après la mort de son père, il fait des études aux Beaux-Arts, à Dresde, puis s'installe à Berlin. Il y dessine des scènes de la vie, des portraits de chômeurs, des paysages de banlieue ouvrière.
En 1933, à l'arrivée des nazis au pouvoir, il quitte définitivement l'Allemagne, vit surtout à Paris où il vit de traductions et continue à peindre.
Il est arrêté en 1939 comme ressortissant allemand à Saint-Tropez où il était de passage, puis interné au camp des Milles. Libéré en novembre 1939, il est interné à nouveau au printemps 1940. Après la Débâcle, il se cache dans le Gard. Il retourne à Paris à la Libération où il poursuit son activité artistique jusqu'à sa mort en 1994.

Né à Berlin en 1907. A vingt ans, il est à Milan élève-peintre chez Carlo Carra, puis dès 1928 à Paris où il apprend la gravure auprès de Stanley Hayter. En 1937, il expose aux Etats-Unis.
Il s'installe en 1938, dans le midi de la France, à Grasse où il vivait toujours dans les dernières années du XXe siècle.
Il est interné à l'automne 1939 à Antibes, puis aux Milles et à Porcalquier comme "prestataire". Il rentre à Grasse après la débâcle.
En 1942, Ferdinand Springer réussit à se réfugier en Suisse. C'est au milieu des années quarante qu'il découvre l'abstraction.
Il revient en France dès 1945 et travaille depuis à Paris et Grasse.

 

Né à Berlin en 1913. Il s'intéresse très tôt à la photographie, et suit une formation artistique au Bauhaus.
En 1932, il rencontre Max Ernst, Tristan Tzara, Miro, Calder, au cours d'un premier séjour à Paris. Il fréquente le milieu surréaliste. Tout en commençant à peindre des aquarelles, il devient photographe de métier. Il a, par exemple, réalisé un très beau portrait photographique de Max Ernst. Il connaît son premier succès avec la commande pour le pavillon de la mode à l'Exposition universelle en 1937.
En septembre 1939, il est interné au camp des Milles, comme ressortissant
allemand. Son mariage lui permettra d'être libéré en octobre 1940. Il se réfugie ensuite à Dieulefit.
Alcoolique, il consent à une désintoxication en 1951 et meurt la même année, à Champigny-sur-Marne, vraisemblablement d'une intoxication alimentaire.

Persécution des Juifs

L'instauration de l'ETAT FRANÇAIS le 10 juillet 1940 allait ouvrir une nouvelle période dans l'histoire des camps d'internement français dont l'administration allait désormais passer sous le contrôle de la Sûreté Nationale.

Dans un premier temps, et conformément à l'article 19 de la Convention d'Armistice, les autorités d'occupation exigeront que leur soient livrés "tous les allemands et autrichiens émigrés que le Reich réclamera". Beaucoup d'entre eux étaient des Juifs.

Puis, pour répondre à la pression allemande, l'Etat Français se prêtera complaisamment à la mise en application d'une série de mesures tendant à l'exclusion des Juifs. 

Un antisémitisme latent sera alimenté et amplifié par une campagne visant à faire du Juif le bouc émissaire de tous les malheurs qui venaient de fondre sur le Pays.

Une propagande en ce sens entretiendra cette politique et perturbera les esprits.

II faut aussi rappeler qu'en septembre 1939, 300 000 Juifs se trouvaient en France, dont 120 000 étrangers et apatrides. En septembre 1940, ils seront 350 000 dont 40 000 venus de Belgique, Luxembourg et Hollande et 6 500 en provenance de Bade et du Palatinat et déportés en zone sud par les nazis.

Dès septembre 1939, la police française avait arrêté 15 000 ressortissants "ennemis" qui seront internés dans les camps des MILLES (Bouches-du-Rhône), puis GURS (Basses-Pyrénées), du VERNET (Ariège) et de ST-CYPRIEN (Pyrénées-Orientales).

En mai 1940, les arrestations reprendront. Sur 40000 civils internés dans le sud de la France, il y avait 70% de Juifs.

Les premières mesures antisémites apparaîtront en août 1940 et seront suivies en septembre d'Ordonnances allemandes portant statut des Israélites en zone occupée et définissant le Juif.

 

Le 18 octobre 1940, Vichy promulgue à son tour une loi établissant le statut des Juifs et ouvrant les opérations de recensement.

Suivront toutes sortes d'interdictions et de contrôles, notamment en ce qui concerne la mise sous séquestre des entreprises juives, l'interdiction de certaines activités économiques, la circulation des capitaux et le contrôle de leurs biens. Des attestations raciales seront exigées dans bien des cas.

Le 29 mars 1941 fut créé à PARIS un COMMISSARIAT GENERAL AUX QUESTIONS JUIVES dépendant du MINISTERE DE L'INTERIEUR et placé sous la responsabilité de Xavier VALLAT (1891-1972), parlementaire d'extrême droite et antisémite notoire sous la, IIIe République. Il sera remplacé par Louis DARQUIER DE PELLEPOIX (1897-1980) en mai 1942. 

Viendra ensuite la création, le 19 octobre 1941, d'une POLICE AUX QUESTIONS JUIVES qui se livrera à une impitoyable chasse aux Juifs et aux étrangers, s'appuyant aussi sur de très nombreuses dénonciations.

Dès le début de 1941, le SS-Obersturmführer Théo DANNECKER (1913-1945), chef du Service des Affaires Juives de la GESTAPO en France, avait souhaité créer un "Judenrat" représentatif de la communauté juive, mais la résistance de certaines associations aboutit en définitive à la création, le 29 novembre 1941, de l'U.G.I.F. (Union Générale des Israélites de France) chargée d'apporter une aide aux internés et à leurs familles.

Bon de 2 francs pour l'envoi de colis aux internés et prisonniers

A partir de cette époque, la politique d'exclusion des Juifs menée par l'Etat Français se conformera à la volonté des Allemands de passer à une logique de déportation et d'extermination. C'est la mise en oeuvre de la "Solution Finale".

La rafle du Vél' d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942 à PARIS, au cours de laquelle 12 884 Juifs seront arrêtés, ne sera pas la seule et beaucoup d'autres suivront tant dans la capitale qu'en province.

 

Ainsi, en janvier 1943, une rafle organisée à ROUEN et dans le département de la Seine-Inférieure en représailles à l'attentat ayant coûté la vie au Sonderfuhrer STAEDLER, de la Feldkommandantur 517 (ROUEN) abattu à la porte de l'Hôtel de Dieppe le 2 janvier, touchera particulièrement des femmes, des enfants et des personnes âgées.

A ROUEN, 137 Juifs dont 24 enfants appréhendés dans la nuit du 15 au 16 janvier sont transportés à DRANCY. Les convois des jours suivants les emporteront à AUSCHWITZ d'où la plupart ne reviendront pas. 

Cette grande rafle suivait de peu celle de la mi-octobre 1942, au cours de laquelle 85 Juifs, en majorité d'origine rouennaise, furent arrêtés. A ROUEN comme partout ailleurs, la Police Française avait fait la sale besogne et appréhendé 24 Juifs. Le Préfet de la Seine-Inférieure, avec la satisfaction du devoir accompli, rédigeait alors son rapport du 1er novembre 1942 en ces termes :

"Sur ordre des services allemands, 24 Juifs étrangers avec leurs enfants ont été arrêtés et conduits au camp de Drancy pour être déportés à l'est. Cette mesure qui assainira l'atmosphère politique est approuvée par les milieux sains".

 

Sans commentaires !

Selon Serge KLARSFELD, 75 721 Juifs seront déportés. Moins de 2 000 reviendront. Les 11 000 enfants déportés entre le 23 mars 1942 et le 22 août 1 944 mourront.

Tel apparaît le sinistre bilan d'une politique à laquelle des Français furent étroitement associés !



15/07/2012
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