Seconde Guerre mondial

Seconde Guerre mondial

Oskar Schindler

 

Oskar Schindler

 

Oskar Schindler (1908-1974), un industriel allemand, originaire de la région des Sudètes, créa une fabrique d'outils en émail à l'extérieur du ghetto de Cracovie et sauva de la déportation les ouvriers juifs qui y travaillaient.

À la suite de l'invasion nazie de la Pologne, Oskar Schindler, un industriel allemand catholique, s'installa à Cracovie et dirigea deux usines d'ustensiles de cuisine en émail qui avaient appartenu à des Juifs. Il créa ensuite sa propre usine à Zablocie, dans la banlieue de Cracovie. Cette usine constitua un havre de paix pour environ 900 ouvriers juifs, qui étaient protégés de la brutalité du camp de travail de Plaszow, non loin de là. Schindler protégeait ses ouvriers juifs en falsifiant les registres de son entreprise. Il jouait sur l'âge des employés et leurs professions et indiquait des métiers essentiels à l'effort de guerre.

En octobre 1944, Schindler fut autorisé à déplacer son ancienne fabrique d'objets émaillés à Bruennlitz, en Tchécoslovaquie, cette fois en tant qu'usine d'armement, et à prendre avec lui des ouvriers juifs de Zablocie. Il réussit à transférer à Bruennlitz environ 800 hommes juifs du camp de Gross-Rosen et 300 femmes juives d'Auschwitz, leur assurant ainsi un traitement humain et leur sauvant la vie.

En 1962, Yad Vashem decerne à Schindler le titre de "Juste des Nations" en reconnaissance de sa contribution humanitaire et en 1993, le Conseil du Musée - Mémorial de l'Holocauste à Washington, lui attribua à titre posthume la Médaille du Souvenir du Musée. Cette décoration, très rare, est destinée à honorer les récipiendaires qui en sont dignes, pour leurs actes exceptionnels durant la Shoah et pour la cause de la Mémoire. Émilie Schindler reçut la médaille au nom de son mari lors d'une cérémonie qui s'est tenue dans le Hall du Souvenir du Musée.

 

Entrée de l’usine d’émail d’Oskar Schindler à Zablocie, une banlieue de Cracovie. Pologne, 1939-1944.

 

 

Oskar Schindler (troisième à partir de la gauche) à une soirée avec les dignitaires SS locaux lors de son 34ème anniversaire. Schindler tentait d’exploiter ses relations avec des hauts fonctionnaires allemands pour obtenir des informations susceptibles de protéger ses employés juifs. Cracovie, Pologne, 28 avril 1942.

 

Oskar Schindler (au centre) fêtant son 34ème anniversaire avec les dignitaires SS locaux. Schindler tentait d’exploiter ses relations avec des hauts fonctionnaires allemands pour obtenir des informations susceptibles de protéger ses employés juifs. Cracovie, Pologne, 28 avril 1942.

 

Photo prise lors d’une des soirées organisées par Oskar Schindler à Cracovie. Dans de telles occasions, Schindler (second à partir de la gauche) tentait de corrompre les dignitaires nazis pour obtenir des informations sur les déportations imminentes. Cracovie, Pologne, 1943.

 

Amon Goeth, commandant du camp de Plaszow. Plaszow, Pologne, entre février 1943 et septembre 1944. Son passe-temps était de visée un déporté (e) et de l'abattre sans raisons.

 

Le commandant du camp Amon Goeth tient un discours aux gardes SS. Plaszow, Pologne, 1943-1944.

 

Construction de l’usine d’armements d’Oscar Schindler à Brünnlitz. Tchécoslovaquie, octobre 1944.

 

Construction de l’usine d’armements d’Oscar Schindler à Brünnlitz. Tchécoslovaquie, octobre 1944.

Oskar Schindler debout (second à partir de la droite) avec une partie des gens qu’il sauva. Munich, Allemagne, 1946.

 

A Yad Vashem, l’institution nationale israélienne de commémoration de la Shoah, Oskar Schindler plante un arbre en hommage à ses efforts de sauvetage. Jérusalem, Israël, 1962.

 

A Yad Vashem, l’institution nationale israélienne de commémoration de la Shoah, Oskar Schindler se tient à côté de l’arbre planté en hommage à ses efforts de sauvetage. Jérusalem, Israël, 1970.

 

Oskar Schindler (au volant) avec son père, Hans. Svitavy (Zwittau), Tchécoslovaquie, 1929.

Témoignages

 

Ludmilla naquit au sein d'une famille juive bien intégrée à Kishinev, en Roumanie. Sa mère, médecin, et elle vivaient en Pologne lorsque les Allemands l'envahirent le 1er septembre 1939. Elles furent emmenées à Cracovie ; sa mère fut conduite dans le ghetto de Varsovie. Ludmilla travailla dans une usine du camp de travail de Plaszow pour le compte d'un homme d'affaires ami de l'industriel Oskar Schindler. En octobre 1944, Schindler tenta de sauver plusieurs travailleurs juifs en les réaffectant dans une usine de munitions de Bruennlitz, dans les Sudètes. Ludmilla fit partie de la liste de Schindler, désignant les personnes à réaffecter. Elle et près de trois cents autres femmes furent brièvement détenues à Auschwitz avant d'arriver à Bruennlitz. Là-bas, certains des travailleurs cherchèrent à saboter la production de munitions. Ludmilla fut libérée au début du mois de mai 1945.

 

 

 

C'était un homme très grand. Je dirais qu'il était large d'épaules. Très blond. Des yeux très bleus, et il avait cet air... il dégageait une telle bonté. Je me souviens que plus tard, quand nous étions dans le camp qu'il avait établi dans les Sudètes à la fin de la guerre, nous nous glacions toujours lorsque nous voyions un Allemand parce que pour nous, ça voulait dire qu'il y aurait d'autres meurtres ou d'autres coups ou toute autre espèce de torture, morale ou physique. Mais lui, quand il est venu, tout ce que nous voyions c'était Herr Direktor. Nous l'appelions toujours Herr Direktor, et il sentait affreusement bon et il était toujours très bien habillé, et il jetait des cigarettes partout, il fumait ses cigarettes puis les laissaient tomber pour que les gens puissent les ramasser et les fumer parce que, évidemment, ils n'avaient pas de cigarettes.

 

 

 

Au début du mois de novembre, mon mari et moi nous sommes aperçus que nous étions sur la liste. Nous étions très heureux, nous ne savions pas ce qui nous attendait mais nous savions que nous irions dans un endroit bien meilleur que tout ce ne pouvions imaginer à cette époque. Les hommes sont partis une semaine avant les femmes et, plus tard, nous avons découvert qu'ils n'étaient pas allés directement à, Bruen...Bruennlitz, ils étaient passés par Gross-Rosen, j'y ai séjourné je crois quelques jours, et c'était un camp très difficile, mais ils sont finalement arrivés à Bruennlitz. Les femmes, quant à elles, nous sommes parties une semaine plus tard et nous étions dans des wagons à bestiaux bien sûr, serrées comme des sardines. Et nous partions, nous ne savions pas où, nous supposions que nous allions à Bruennlitz, directement. Soudain, nous sommes arrivées devant cette plate-forme célèbre, désormais célèbre à la gare d'Auschwitz où des SS couraient comme des fous avec leurs chiens qui aboyaient sans cesse. Ils ont commencé à nous tirer hors des trains et nous ont conduits nous faire passer la sélection, qui, en elle-même, était terrible. Nous devions nous déshabiller entièrement. A cette époque, je portais déjà des lunettes, et je les ai serrées dans ma main parce que je savais que sans lunettes, je ne pourrais pas travailler. Alors je les ai serrées, et Dieu merci, personne ne les a vues. Certaines femmes avaient la tête rasée. J'avais les cheveux coupés très courts, alors je ne sais pas comment ils ont fait, probablement, vous voyez, ils ont du prendre certaines personnes au hasard. Alors, bien sûr les Allemands riaient et faisaient des plaisanteries grasses et c'était tout simplement terrible. Nous n'étions absolument pas préparées à ça parce que nous pensions que nous allions chez Mr. Schindler, dans son camp. 

 

Alors, finalement, au bout de trois semaines environ, je crois que nous avions perdu la notion du temps, là-bas, quelqu'un est venu, certainement un Blockälteste [ancien des blocs], ou un Allemand, je ne me souviens plus très bien, et il a appelé nos noms. Là, c'était déjà bon signe parce que nous savions que nous étions trois cents femmes, et elle nous a appelées par nos noms. Nous ne savions pas ce qu'ils attendaient de nous, mais ils nous ont mis sur un quai, dans une gare, en ligne, et ils nous ont fait remonter dans les trains encore une fois, serrées comme des sardines. Pas de toilettes évidemment. Il y avait un seau au milieu. Pas de nourriture, nous n'avons rien eu à manger. Je ne sais pas si certaines n'entre nous avaient emmené un petit morceau de pain de Birkenau, celui qu'on nous avait donné et, au bout d'un moment, le train s'est mis en marche. Nous ne pouvions que supposer, nous ne savions pas où nous allions parce que, tout d'abord, il n'y avait pas de fenêtres dans les wagons à bestiaux. Nous nous sommes arrêtées en route. Les soldats allemands nous ont laissé sortir un moment et il y avait de la neige, nous en avons ramassé par terre en guise d'eau à boire. Et finalement, nous sommes arrivées dans une gare déserte, c'était écrit Bruennlitz. C'était écrit Bruennlitz, alors, bien sûr, nous étions terriblement heureuses d'être enfin arrivées à destination. Mais, en arrière plan, nous avons vu d'immenses cheminées. Et tandis que nous marchions vers le camp de Schindler; nous marchions cinq par cinq, et je marchais avec d'autres amies, une fille qui venait d'Allemagne, mais qui avait été déportée d'Allemagne en Pologne, et de la Pologne vers un camp à Plaszow, et avec nous à Birkenau, puis au camp de Schindler. Elle s'appelait Margot, et elle m'a dit, "Oh, mon Dieu, nous allons mourir. As-tu vu ces cheminées ?" Et je lui ai dit, je me mettais toujours en colère, et je lui ai dit, "Margot, tu sais, nous ne pouvons pas mourir parce qui nous avions dû mourir, nous serions mortes à Birkenau."

 

 

Nous avons vu un bâtiment, de deux étages. L'étage du bas et celui du haut avaient des balcons qui faisaient toute la largeur du bâtiment, et la porte était ouverte, les barrières plutôt étaient ouvertes et nous sommes entrées. Et alors que nous entrions, j'ai vu des hommes en uniformes rayés, qu'ils ne portaient pas à Plaszow, parce qu'à Plaszow, on pouvait garder ses propres vêtements. Mais tout le monde était rasé, un groupe d'hommes se tenait sur le balcon, la tête rasée, avec ce qu'on appelait la "Lausenpromenade," ce qui veut dire la "Promenade des Poux" une mèche de cheveux coupée, non plutôt de peau complètement rasée. Et ils nous faisaient des signes et criaient, et riaient. D'abord, ils ont pensé que nous étions mal en point parce que nous portions ces guenilles dans lesquelles ils ne nous avaient jamais vu auparavant, et avant que nous ne quittions Birkenau, ils nous avaient teintes en rouge, jaune, n'importe quelle couleur, afin que nous ne nous échappions pas pendant notre, trahet. Et j'ai vu, parmi ces hommes, mon mari. Et, bien sûr, ma joie n'avait aucune limite. Alors, en bas cette fois, nous avons vu un groupe de SS, et au milieu d'eux, Mr. Schindler, avec son petit chapeau tyrolien, avec une petite plume, qui ignorait complètement le Lagerführer, c'était le chef de notre camp, et tous les SS, hommes et femmes, il a dit, "Bienvenue. Ne vous inquiétez pas, vous serez bien traitées. La soupe vous attend, ne vous inquiétez pas, vous êtes avec moi maintenant." Alors nous nous sommes avancées vers les grands, énormes couloirs de l'usine. Et, bien sûr, il y avait de la soupe chaude, une assez bonne soupe d'ailleurs et, nous inconsciemment, nous n'avions plus peur. Nos quartiers n'étaient pas encore prêts. Il n'y avait pas de couchettes. Tout le monde dormait sur de la paille, mais quelle importance, parce que nous savions qu'il ferait tout son possible, ce n'était pas entièrement sûr, mais nous savions qu'il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour nous aider à survivre à la guerre. 

 

Depuis le début, Schindler a essayé de faire tout son possible pour nous, pour nous offrir une vie plus confortable. Nous avions vraiment peu de vêtements. Nous n'avions pas de vêtements, juste ceux que nous portions. Alors il a permis à nos époux de voler un peu de laine dans une usine voisine, qui était déjà vide, Ils ne travaillaient plus, les gens l'avaient certainement abandonnée. Et donc nos maris sont allés chercher cette laine et ils ont récupéré, sur les machines, des aiguilles à tricoter, et les femmes ont commencé à tricoter des pulls et, quelques écharpes, et ce genre de choses. Ensuite, les hommes voulaient fumer. Je ne sais pas comment, mais ils ont pu mettre la main sur des oignons et ils fumaient réellement les feuilles des oignons, les peaux. Schindler, pour ce qui était de la nourriture, toutes les zones avoisinantes étaient peu à peu évacuées, alors il était très difficile, même pour les Allemands, de trouver de la nourriture mais lui, quoi qu'il en soit, il en avait trouvé. Nous avions toujours faim, mais pas comme à Auschwitz. Nous avions faim, mais avec l'espoir de lendemains meilleurs. Il essayait de toujours nous donner un morceau de pain. J'avais une compagne de chambre qui était maître, vraiment maître dans l'art de couper des morceaux de pain. Elle le coupait, je crois, en treize tranches très fines -- le morceau était gros comme ça. Alors j'en donnais environ huit à mon mari et je mangeais les cinq autres parce que ça me suffisait. Il était plus costaud que moi. 

 

C'était une nuit de neige, et une nuit, la Croix Fléchée est arrivée et toute la légation a été emmenée au siège de la Croix Fléchée. Dans l'appartement de l'un de ceux de la Croix Fléchée. Alors, j'ai su que la fin était proche. Et j'avais de faux papiers sur moi. Je vous l'ai dit je n'avais pas confiance en eux. C'était pour la Croix Rouge. Et ils avaient une belle reliure rouge -- c'étaient de très beaux papiers. Ils indiquaient que je travaillais pour la Croix Rouge. Et sur le chemin qui m'emmenait vers la maison de la Croix Fléchée, je les ai mangés. Ils avaient un goût atroce, certes, mais je les ai mangés morceau par morceau (rire). Et je ne voulais pas qu'on les trouve sur moi. Et, il y avait énormément de gens. Tous ceux de la légation étaient emmenés. Ca faisait du monde. Ne me demandez pas combien, plus d'une centaine. Alors, quand nous sommes arrivés dans l'un des bâtiments, ils ont voulu nous mettre à la cave, j'ai entendu les Croix Fléchées s'interpeller les uns les autres, "Tu n'as qu'à les entasser les uns sur les autres. Ils vont mourir de toute façon." Et ils ne les ont pas mis là parce qu'il n'y avait pas de place. Alors ils nous ont emmenés dans leur maison et ils ont commencé à... ils ont adoré mes bottes tout de suite (rire). J'ai trouvé un client; ils ont dit, "Ce sont les miennes." Et nous nous tenions près du mur, les mains en l'air, et il y avait un vieux monsieur, tout petit, qui avait toujours l'air [interrogateur]... c'était une charmante personne mais il posait toujours des questions. Et tandis que nous nous tenions près de ce mur, prêts à partir pour le Danube pour, vous savez, il m'a demandé, "Mr. Veres, savez-vous par où on va vers le Danube?" Alors, je crois que je n'avais perdu mon sens de l'humour. Je lui ai répondu, "Dès que les tirs commenceront, c'est qu'on sera arrivés." Et l'instant d'après, un camion plein de policiers hongrois est arrivé avec, [Raoul] Wallenberg en tête. Ce que les Croix Fléchées n'ont pas remarqué, c'est qu'il y avait une prise téléphonique sur le plancher. C'était la pièce du standard, et la standardiste, qui était la fille du chef de service, avait appelé Wallenberg, lui avait parlé et il avait récupéré un camion bourré de policiers hongrois. Et ils sont arrivés en camion. Puis ils sont entrés et il a dit ça, "Ce sont mes protégés. Vous n'avez pas le droit d'y toucher," et il a sorti tout le monde.

 

 

 

Le 28 avril, le 8 mai c'était la fin de la guerre, le jour de la libération, mais le 28 avril, c'était son anniversaire [celui de Schindler] et nous voulions faire quelque chose pour lui à cette occasion. Alors, chacun des prisonniers, a donné une petite part de son pain et un peu de notre terrible confiture ou marmelade, je ne sais plus et de la margarine. Et parmi nous, il devait y avoir quelqu'un de très habile, je ne me souviens plus, je ne sais plus qui c'était, qui lui a confectionné un gâteau d'anniversaire. Je veux dire, il n'était pas cuit, il était fait à partir du pain et du reste. Et nous nous sommes tous regroupés dans le grand hall et Schindler nous a parlé. Il nous a dit, et là encore tout le personnel du camp était là, toutes les femmes SS et les hommes SS, et le chef, le commandant, le, le commandant du camp, le nouveau, tout le monde était là. Mais il n'avait absolument pas peur d'eux, et il nous a dit, "La fin de la guerre est proche. S'il vous plaît, ayez de bonnes pensées parce que vous survivrez à la guerre. Mais lorsque vous aurez survécu à la guerre, essayez d'être des êtres humains."

 

Les Allemands occupèrent Cracovie en 1939. La famille de Murray fut confinée dans le ghetto de Cracovie avec le reste de la population juive de la ville. En 1942, Murray et l'un de ses frères furent déportés aux travaux forcés dans le camp voisin de Plaszow. En mai 1941, son frère fut transféré à Auschwitz et Murray fut envoyé au camp de Gross-Rosen en Allemagne. Murray fut ensuite transféré à Bruennlitz, dans les Sudètes, dans le cadre des travaux forcés pour le compte d'un industriel allemand, Oskar Schindler. Schindler aida les Juifs qui travaillaient pour lui à survivre à la guerre. Murray fut libéré en 1945.

 

 

 

Ils ont commencé à liquider tous les petits camps. Ils ont commencé à emmener des gens de notre camp puis ils ont liquidé le camp de l'Emalia [Deutsche Emailwaren Fabrik], et pour la première fois, j'ai entendu les gens parler de l'Emalia, qu'il y avait un certain Oskar Schindler. Et Oskar Schindler, dans son camp, personne n'était battu, personne n'avait faim, et personne ne travaillait plus qu'il ne devait, alors je n'y comprenais rien, alors pourquoi emmenaient-ils des gens de l'Emalia à Plaszow, pourquoi les mettaient-ils dans des wagons de chemin de fer -- nous devions être en août et le soleil était insupportable, brûlant dans les wagons à bestiaux, et il avait soudoyé [le commandant de Plaszow] Amon Goeth. Alors, je suis revenu de la cuisine avec d'abord pour leur apporter leur soupe, et j'ai ouvert les portes pour faire entrer un peu d'air. Il aidait les gens et on m'avait demandé de faire la même chose. Il y avait des tuyaux d'arrosage, et nous avons arrosé les toits des wagons à bestiaux à l'eau froide, et il hurlait aux Allemands, Oskar Schindler, que les Juifs étaient tous mécaniciens, ingénieurs, que les Allemands avaient besoin d'eux et il a donné sa parole que personne ne s'enfuirait, pour qu'on leur ouvre les portes à nouveau. Alors, je me suis demandé, je me suis dit, "Est-ce un Allemand, ou est-ce un ange ?" Il était en civil. Je n'avais aucune idée de qui il pouvait être. Je savais seulement qu'il allait prendre en charge l'usine d'Emalia et qu'il était le seul à n'avoir pas mis les Juifs dehors -- son nom? le propriétaire de l'usine s'appelait Benks -- et non seulement il a repris cette usine, mais il a également acheté une casse et il a construit des baraquements et a ainsi sauvé quelques centaines de Juifs.

 

 

 

Nous sommes arrivés à Bruennlitz. La situation était différente. Il y avait quelques SS. Pas de barbelés. Il y avait une vieille usine et nous étions censés la remettre en état. Et Oskar Schindler n'était pas peu fier d'avoir sorti huit ou neuf cents Juifs de Gross- Rosen. Il s'est rendu quelques semaines plus tard à Auschwitz, et il a sorti trois cents femmes, et il à dit à Auschwitz qu'il avait besoin d'elles pour travailler. Je peux vous garantir que la seule chose que je les ai vues faire c'était trouver de la laine et tricoter des pulls pour leurs maris ou leurs fiancés, ou pour leurs amis, des chaussettes ou des gants. Elles travaillaient très peu. En fait, nous travaillions tous très peu. Nous avions toujours peur que quelque chose se passe, qu'il serait pris, parce que nous ne produisions aucune munition, pas une seule. Un jour, on nous a dit qu'il avait acheté un camion bourré de munitions dans une autre usine et il livrait ces munitions comme si elles provenaient de la nôtre. Un jour on nous a dit qu'il ne cessait pas de dire, "Oh, j'y suis, j'y suis presque." Et il nous saluait toujours en disant, "Vous êtres les Juden de Schindler et, ici, vous allez survivre."

 

Léopold était professeur à Cracovie, en Pologne, lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclata en 1939. Pendant qu'il servait dans l'armée polonaise, il fut capturé par les Allemands. Léopold s'échappa d'un convoi de prisonniers de guerre. Peu après, il rencontra l'industriel allemand Oskar Schindler. Ils devinrent amis. Léopold fut contraint de vivre dans le ghetto de Cracovie. Il travailla plus tard dans l'usine de Schindler à Bruennlitz. Lui et d'autres Juifs qui travaillaient là était relativement bien traités et protégés des Nazis. Après la guerre, Léopold partit aux Etats-Unis. 

 

J'étais soudeur. Ce que je faisais ? Je devais souder certaines pièces des machines, alors j'ouvrais la bombonne de gaz, je la laissais ouverte toute la nuit, très faiblement ouverte. Au matin, il n'y avait plus de gaz. Alors je pouvais aller dire que nous n'avions plus de gaz et que je ne pouvais pas travailler. Alors ils me donnaient une nouvelle bombonne. La bouteille tenait deux jours. Alors nous ne pouvions pas terminer. Je disais, "Ce n'est pas ma faute, ils ont mis les mauvaises jauges sur la machine. Je n'ai rien fait. J'essaie de travailler mais je ne peux pas." Donc, nous travaillions un peu, mais il y avait un peu de sabotage. Alors, Schindler nous a donné, à moi et à un autre homme, Mr. Mandel, un petit poste de radio. Nous étions censés réparer la radio. Mais nous réparions toujours la radio vers une heure du matin, quand nous étions de nuit, nous écoutions la BBC pour essayer de savoir ce qui se passait. Et le matin, quelques informations étaient griffonnées sur un morceau de papier dans chaque baraquement, dans chaque salle, ce qui se passait, à quelle distance se trouvaient les Allemands, et ce qui se passait. Et ça, notre mécanicien radio faisait ça avec nous tous. Et c'était très intéressant. Nous savions exactement ce qui se passait.



13/07/2012
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